"-Qui c'est celui-là?
-Une légende parlerait d'un
quatrième chroniqueur sur ce blog, tu crois qu'il serait possible
que..."
Eh bien oui mesdames et
messieurs, la légende est bel et bien fondée, et c'est très en
retard sur mes chers camarades que me voici enfin, avec mon premier
bébé.
Et pour celui-ci, j'ai choisi de
faire honneur à la description faite par Hawlink, qui me fait
gentiment passer pour un gros vilain rageux appréciant la vulgarité
: on va parler de slasher, et on va en démonter du slasher. Mais pas
que, parce que si je prends la peine de passer autant de temps à en
regarder, c'est pas simplement pour satisfaire un intense plaisir
masochiste. C'est également parce que je les aime, bordel.
Si vous avez vu le titre, et vous
l'avez vu parce que c'est écrit gros quand même, vous savez déjà
que je vais m'intéresser à la saga la plus mythique (je suis un être
de la plus grande objectivité, je vous jure) de l'histoire de
l'horreur, Halloween.
J'avais au départ prévu de
commencer par une petite intro sur l'histoire du sous-genre
horrifique qu'est le slasher, mais après réflexion ce serait très
vite barbant, à la fois à écrire et à lire, vous pouvez me remercier
d'avoir abandonné l'idée. Et puis il y a quand même huit films à
traiter, et ça va donc être relativement long. Et c'est pour ça
que je vais le diviser en deux. C'est parti.
Halloween, La Nuit des Masques
John Carpenter
1978
L'histoire
se déroule dans la ville de Haddonfield, dans l'Illinois. Le soir
d'Halloween,
Michael Myers, âgé de six ans, assassine sa sœur à coups de
couteau de cuisine. Il est interné jusqu'à sa majorité pour
ensuite être jugé. Cependant, à l'âge de 21 ans, alors qu'il est
transféré pour son procès, il réussit à s'échapper, et prend la
route de sa ville natale. Se produisent alors une succession de
meurtres. Son psychiatre, le docteur Loomis, se lance à sa
poursuite...
Et
on commence avec du très très lourd, un film que je considère
assez aisément comme mon préféré du genre.
Bien
qu'on considère assez souvent le premier slasher de l'histoire comme étant "Black
Christmas", c'est bel et bien avec Halloween que la déferlante
de slashers commence dans les salles obscures, le premier chef-d'œuvre du genre, le premier tueur vraiment emblématique d'une saga
d'horreur (oui je sais, Massacre à La Tronçonneuse est sortie quatre
ans avant, mais c'est pas pareil, et j'y reviendrai dans un article
futur).
C'est
jamais bien drôle de parler du premier film d'une de ces sagas,
parce que bien souvent le film est réalisé par un putain de
cinéaste plaqué or. Tenez le coup un petit moment, laissez-moi
jouer les fanboys de Carpenter pendant un petit moment et je vous
promets que la suite sera beaucoup plus méchante.
Je
vais pas vous faire un topo sur John Carpenter, mais faut juste
savoir que c'est un cinéaste que j'affectionne tout
particulièrement, qui s'est beaucoup illustré par ses films
d'horreurs et de SF, et à qui on doit un bon paquet de chefs-d'œuvres.
Et Halloween est l'un d'eux.
Qu'est
ce qui fait un bon slasher ? Bien évidemment, c'est un tueur
emblématique, et on touche donc ici à la première chose qui fait
d'Halloween un film démentiel : Michael Myers.
Beaucoup
ont essayé, mais jamais personne n'est parvenu à égaler
l'efficacité du personnage, qui brille par sa simplicité.
Dans
son look déjà, un masque en caoutchouc représentant William Shatner
(véridique, il se trimbale avec un moulage de la tronche du
capitaine Kirk sur le nez), un bleu de travail, et un couteau de
cuisine. La plus sobre des sobriétés. Mais bordel ça marche
terriblement bien !
Dans
sa psychologie ensuite : c'est le personnage le plus unilatéral que
je n'ai jamais vu, il n'y a pas une once de bonté en lui, pas une once
d'humanité, il est le mal a l'état pur, et ça peut paraître tout
con mais là aussi, la simplicité rend le personnage génial. Et le
mieux, c'est la manière dont on apprend à le connaître...
Transition
on ne peut plus bancale pour vous parlez d'un personnage que je
trouve tout aussi important que le tueur : le docteur Samuel Loomis,
interprété brillamment par Donald Pleasance.
Il
est pas courant qu'un tueur ait un antagoniste vraiment aussi
emblématique que lui, à ma connaissance c'est la seule exception.
J'adore
ce personnage et j'adore la manière dont il est utilisé, c'est à
travers ses mots que l'on apprend à connaître le tueur, et ses mots
ont un impact et une légitimité énorme, tout simplement parce que
Loomis a été le psychiatre de Myers pendant 15 ans, alors personne
n'est mieux placé que lui pour dire "les gars, laissez tomber,
ce type c'est le mal incarné".
C'est
assez génial de voir ce cowboy courir après son patient, seul être
conscient de ce qu'il est vraiment.
Dernier
point avant de passer au deuxième film, et c'est là que je vais
encenser le réalisateur : le film jouit d'une putain de qualité
cinématographique, et c'est bien plus qu'un simple film à petit
budget tourné pour faire un peu de thune, c'est un chef-d'œuvre.
Je
vais faire un effort et avouer qu'aujourd'hui ça a énormément
vieilli, mais le film installe quand même une véritable ambiance.
Dans toute la première partie du film, où on suit Laurie Stroode
vivre sa vie, les apparitions de Mickey sont parfaitement dosées, et
ça c'est un truc qu'on voit pas assez souvent. Bien souvent on
montre au spectateur que le tueur est là mais les protagonistes sont
complètement inconscients de ce qui se passe jusqu'à ce que ça
leur tombe sur la gueule. Le fait que Laurie aperçoive le tueur au
coin d'un buisson, etc, ça fait grimper la tension.
Bien
entendu c'est même pas la peine que je précise que c'est très bien
filmé, et surtout que la musique est légendaire. On connaît tous la
musique composée par Carpenter pour ce film. Mais si, tiens pour les
deux là-bas au fond qui suivent pas :
Qui
ne connaît pas ce thème légendaire ? Voilà.
Je
vais cesser de m'étendre sur le premier film, mais si vous devez
retenir quelque chose, c'est que c'est absolument génial et que vous
devez absolument le voir. Voilà.
Halloween
2
Rick
Rosenthal
1981
Durant
la même nuit que La
Nuit des Masques,
en 1978, Michael Myers demeure dans les parages, après avoir été
touché par le docteur Loomis, à six reprises. Désormais, il est
dans un hôpital où Laurie Strode est soignée. Et c'est d'ailleurs
la raison de sa présence car il veut la trouver pour la tuer. Mais
l'équipe entière du shérif est à sa recherche. Cependant, seuls
Loomis et Brackett sont certains de la présence de Myers, d'autres
croient qu'il est mort carbonisé. Durant sa cavale, Myers va encore
laisser échapper foule de meurtres.
Devant
le succès énorme du premier film, une suite est bien évidemment
demandée à Carpenter. Bien que le monsieur ait refusé de réaliser cette suite, il signe tout de même le scénario, et nous sommes donc
toujours en face d'une écriture de qualité même si le film est
bien moins bon que son grand frère.
J'ai
pas énormément de choses à dire sur ce deuxième film, contrairement
au premier il contient énormément de morts et abandonne en grande
partie le travail d'ambiance qui faisait le charme de La Nuit des
Masques, il est au final assez quelconque, mais je le trouve loin
d'être malhonnête.
Déjà
le réalisateur a fait un véritable travail pour coller à l'univers
visuel du film dont il réalisait la suite, et étant une suite
directe, on peut parfaitement mettre les deux films bout à bout sans
que ça choque outre-mesure.
Comme
je l'ai dit, c'est Carpenter qui signe le scénario, il a donc pu
continuer à orienter ses personnages tel qu'il les percevait,
l'histoire gagne en profondeur avec la révélation des liens de
parenté entre Micky et Laurie, l'opposition entre Loomis et Micky se
fait de plus en plus intense, ce film apporte beaucoup à la saga en
fait.
Halloween
2 est bel et bien une de ces suites vouées à exploiter le succès
d'un film à moindre coût, mais il y a encore derrière tout ça une
volonté de bien faire les choses, une ambition artistique et l'envie
de donner au spectateur une suite digne du film qu'il a tant aimé,
et bien que ça ne s'approche jamais de l'excellence du premier,
c'est une suite digne, agréable et honnête. Et on ne va pas tarder
à voir que ce ne sera pas toujours le cas...
Halloween
3 : Le Sang du Sorcier
Tommy
Lee Wallace
1982
Un
homme, avec un masque d’Halloween à
la main, est amené à l’hôpital après avoir été poursuivi par
de mystérieuses personnes. Quelques heures plus tard, il est
violement assassiné dans son lit d’hôpital. Le docteur Dan
Challis, qui s’occupait du patient avant sa mort, tente de
rattraper le meurtrier. Mais celui-ci est stupéfait de voir l’homme
se suicider dans sa voiture. Intrigué, il va alors mener son
enquête, avec l’aide d’Ellie Grimbridge, la fille de l’homme
assassiné, pour découvrir les vrais raisons du meurtre. Ils font
alors le trajet jusqu’à la ville de Santa Mira, où les masques
d’Halloween sont
fabriqués. Sur place, ils vont découvrir les plans diaboliques de
Conal Cochran, le constructeur de jouets...
Bon
alors là on se trouve en face d'un cas un petit peu particulier.
Enfin, un cas très particulier. Okay, on se demande tous ce que ce
film fout là, personne ne l'aime, personne ne veut en parler, et moi
non plus. Mais bon il fait parti de la saga Halloween et il faut bien
en parler aussi... Et le fait est qu'il y a quand même pas mal de
choses à en dire.
Donc
ce film a la particularité de ne pas se rattacher à ses deux grands
frères, nous offrant une toute nouvelle histoire sans grand tueur au
masque d'ivoire. (Je sais qu'il est en plastique, c'est une image,
bordel !)
Hérésie
! Me direz-vous, qu'est ce que c'est que ce bazar ? Qu'est ce que ce
film fout là ? C'est même pas un vrai Halloween !
Après
Halloween 2, disons que John Carpenter et Debra Hill estimait
l'histoire de Myers terminée. Et ils n'avaient pas tord les bougres,
dans ce film ils avaient offert une très belle fin au personnage, la
saga se clôturait en beauté, il était absolument hors de question
qu'ils ramènent le tueur à la vie pour un troisième film. Ils
acceptèrent de rester impliqués dans la saga à la seule condition
qu'elle prenne une toute autre direction. Donc pas de tueur
emblématique, pas de lien avec les deux premier opus, et de plus
c'est même pas un slasher. Et très franchement je trouve pas l'idée
si mauvaise, et si elle avait été bien reçue par le public ça
aurait pu donner quelque chose de vraiment sympa sur le long terme.
Bien sûr ce ne fut pas le cas.
Bon
alors ce film qu'est ce qu'il vaut ? Il se traîne une réputation
assez dégueulasse, et encore c'est un euphémisme, certains le
catégorisent comme pire film d'épouvante de son époque, voire de tous
les temps, alors il doit y avoir matière à critiquer.
Eh
bien oui... Mais non. C'est pas si mauvais que ça. C'est pas exempt de
défauts, c'est très classique, pas de parti pris intéressant au
niveau de la mise en scène, c'est banal, blindé de raccourcis... Mais
à côté de ça le scénario a assez de substance pour tenir en
haleine, il y a un travail d'ambiance assez réussi, sobre certes
mais efficace, la musique made by Carpenter est vraiment top, et le
film tient un propos intéressant sur la manipulation à travers les médias de masses (#latelecestlemal)
Donc
bon au final si on le prend pour ce qu'il est, une série B sans réelle ambition réalisée par un type sans gros palmarès, et bien le film
fait le job, et plutôt bien.
Halloween
4 : Le Retour de Michael Myers
Dwight
H. Little
1988
Dix ans après avoir ravagé la ville de Haddonfield lors de la nuit d'Halloween, le psychopathe Michael Myers est dans le coma, toujours sous haute surveillance dans un hôpital psychiatrique fédéral. La nuit où il doit être transféré dans un hôpital d'État, Michael Myers parvient à s'échapper en tuant les infirmiers. Décidé à le rattraper, le docteur Loomis va suivre une piste jonchée de cadavres qui le conduit tout droit à la petite ville d'Haddonfield. Cette même ville où habite Jamie Lloyd, la fille de Laurie Strode et la nièce de Michael Myers, avec sa famille d'adoption, les Carruthers, qui s'apprêtent à fêter Halloween.
A
partir de là la saga commence à méchamment se vautrer, mais pour une
raison qui m'échappe... Je suis absolument fan de ce quatrième opus.
Pourtant
ça partait très très mal, devant l'échec commercial et critique de
Halloween 3, les studios reviennent chercher leur tueur iconique la
queue entre les jambes dans l'espoir de se refaire un petit peu de pognon. Du coup byebye Carpenter, et bonjour à une résurrection à la
con comme seule ces sagas savent nous en offrir.
Mais
bordel ce film contient de très bonnes choses ! Si on parvient à
faire totalement l'impasse sur l'absence d'explications quant au fait
que les personnages soient toujours en vie, sur la balafre dégueulasse
de Loomis, et sur le scénario de récup', le film fait des truc super
cools.
Déjà,
le traitement du personnage de Loomis est excellent, je l'adulais
complètement dans les deux premiers, mais il était beaucoup
observateur, et très peu acteur, il était une sorte d'antagoniste
passif à son ancien patient. Dans cet opus, ce sont les actions de
Loomis qui rythment l'action, il se décide enfin à prendre les
choses en main et oeuvre pour arrêter la folie meurtrière de Myers.
Du coup le film change complètement de ton bien sûr, on se torche
avec le travail d'ambiance des premiers, et on se concentre ici
beaucoup plus sur l'action. Certes c'est un défaut dans un sens,
mais je trouve l'entreprise vraiment réussie, le film est très bien
rythmé, il se passent des trucs, et il reste à peu près cohérent dans
son univers.
Là
où le film aurait pu commencer à déconstruire tout son univers et
ses personnages, c'est le contraire qui se produit, il s'en trouve
renforcé. Plus que jamais Michael Myers est traité comme une pure
incarnation du mal, plus proche que jamais de la barrière du
surnaturel. Un peu trop proche peut-être, certains de ses
déplacements semblent ne pas pouvoir être expliqués par autre chose
que la téléportation, mais ça reste encore honnête.
Et
le film réussit également à offrir des scènes véritablement
marquantes, telles que la première confrontation entre Myers et
Loomis qui est extrêmement intense, ou, et surtout, la scène
finale. Je vais pas la spoiler pour ceux qui ne l'auraient pas vue,
mais à chaque fois que je vois le film, elle me glace littéralement
l'échine. Elle est critiquable sur bien des points, mais bordel..
Brrrrr.
Voilà pour les quatre premiers films, vous aurez compris que cette saga est plutôt chère à mon cœur et que non je ne fais pas que taper sur de pauvres films sans défense. Mais si j'ai choisi de parler de cette saga pour mon tout premier article, c'est surtout parce qu'aucune n'illustre mieux à quel point le gouffre peut être grand entre les débuts d'une saga... Et ses suites, et ça on le verra dans la deuxième partie !